Dimanche
Mon cher ami, toi mon semblable,
Qui te croit seul à être seul,
Il n’en est rien : nous sommes pleins
A s’en jeter contre les murs
Avec nos questions insondables
Comment remplir le quotidien ?
Comment rester quelqu’un de bien ?
Et comment panser nos blessures ?
Nos vies s’écoulent sans un bruit,
Calmes et tristes comme un dimanche.
Les nuits passées en cigarettes, et puis les illusions des jours
Plus longs que les trop longs séjours
Ou bien si courts qu’on les regrette
Si monotones, si ressemblants
Comme le reflet dans un miroir
Qui ne renverrait que le noir
Sans promesses de jours plus blancs
Blancs de ces courriers sans adresse,
Qui ne partent pas le dimanche. C’est dimanche
Ne cède rien, rends coup pour coup
Brûle ta vie, tord lui le cou
Mon ami, fais feu de tout bois fais naître l’étincelle en toi
Ecoute, mon ami, mon semblable
Vivre, c’est cogner le futur à s’en jeter contre les murs
Le cœur en miette, ivre, éperdu
La voix brisée, hurler au diable
Des cris de rage, des mots qui tonnent,
Des mots pour soi ou pour personne
Qu’on pousserait à corps perdu
Pendus aux grilles des magasins
qui restent fermés le dimanche.